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Les religions au Japon

Au Japon, deux religions cohabitent et se mélangent dans la vie d’un japonais : le shintoïsme et le bouddhisme. Une telle mixité est difficile à comprendre pour un occidental, habitué aux grandes religions monothéistes et exclusives. Un grand nombre de sectes découlent également des ces religions, avec des pratiques différentes, compliquant encore plus le tableau. Enfin, on y trouvera aussi une petite communauté chrétienne (2% de la population), issue des comptoirs portugais que le Japon a connu de 1543 jusqu’à leur fin et l’interdiction du christianisme en 1637.

Le shinto

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Le shinto (la Voie des dieux) est la religion d’origine du Japon. Il regroupe en réalité un ensemble de croyances et de superstitions populaires liées à la nature. A chaque élément de la nature correspond une divinité, ou plutôt un esprit (kami). Il y a donc des divinités nationales pour les éléments les plus importants mais surtout une multitude de divinités locales, pour tous les lieux particuliers. On trouvera par exemples des divinités pour les animaux, les forêts, les montagnes, les rizières, les eaux, les sols, etc. Ces kami peuvent être bienveillants ou maléfiques, on cherche donc dans tous les cas à s’attirer leur bienveillance par des offrandes, des rituels et des fêtes.

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Les origines du Shinto sont très lointaines et remontent probablement à la protohistoire. Il n’a commencé à se structurer réellement qu’au XIV° siècle. Mais à la fin du XVIII° et pendant l’ère Meiji, il fut utilisé politiquement. On y trouva une légitimation divine du pouvoir impérial : d’après des mythes anciens, le premier empereur de l’histoire du Japon, Jimmu, serait le petit-fils de la déesse du Soleil Amaterasu.
Le nationalisme pendant la guerre a cherché à utiliser le shinto en le proclamant religion d’état, dans laquelle l’empereur faisait figure de dieu vivant. Le mythe de l’empereur dieu vivant n’aura donc été qu’une construction politique récente. En fait, les japonais n’y ont jamais vraiment adhérer, ce qui explique qu’ils n’aient pas été choqués, n’y qu’aucun mouvement de révolte ne se soit produit lorsque l’empereur Hirohito, après la défaite, a renoncé à ce mythe publiquement, à la demande des américains.
Le nationalisme indéniable de l’époque avait donc des racines sans lien avec la religion.

Le shinto ne s’embarrasse pas de métaphysique et reste terre à terre, quelque peu égocentrique. Les japonais y croient sans y croire et aiment à maintenir le folklore. Par superstition et sensation de bien-être, il est toujours bon de faire une offrande et un vœu pour avoir une bonne santé, de l’argent ou à la veille d’un évènement important : passage d’examen, voyage, naissance, mariage, etc. Le shinto est ainsi entouré d’une atmosphère bon enfant, festif, dénué de tout sens tragique.

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Le bouddhisme

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Le bouddhisme, originaire d’Inde, fut importé au Japon par l’intermédiaire de la Chine au VI° siècle. D’abord réservé à l’élite, il s’est lentement répandu dans la population sous la forme de deux grands courants principaux, déclinés en une multitudes d’écoles de pensées (sectes) : l’amidisme, foi dans le bouddha Amida qui apporte la sagesse et sauve les hommes, et le zen, composé de réflexion philosophique abstraite et de divers exercices méditatifs.
Dans le christianisme ou l’islam, les pratiques religieuses ne sont que la manifestation de la foi.
En revanche, les pratiques du bouddhisme s’inscrivent dans la recherche de la foi, l’approche de la sagesse absolue. L’échec apparaît donc comme acceptable dans ce cadre, ce qui fait du bouddhisme une religion non totalitaire, ni absolue ou exclusive*.

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C’est pourquoi le bouddhisme japonais a pu parfaitement s’accommoder du shinto, en considérant les kami comme des manifestations locales de bouddhas. Cette intégration est telle que parfois sanctuaire shinto et temple bouddhiste sont dans une même enceinte. Le régime Meiji s’est également heurté par le passé à la résistance de la population, en voulant séparer les deux religions pour imposer un shinto d’état purifié.
Grâce à cette tolérance, l’histoire du Japon se trouve quasiment vierge de tout conflit religieux. L’interdiction du christianisme était une volonté politique du shogun, mais n’a jamais été provoquée par les moines bouddhistes.

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Le bouddhisme conduit à un certain fatalisme : la misère, l’injustice sont certes regrettables mais sont le fruit de l’action humaine. On a donc ce que l’on mérite. Ceux qui souffrent paient leurs actes passés ou ceux d’une vie antérieure. Cela explique le grand sentiment de culpabilité de ceux qui échouent (les patrons de PME ayant fait faillite, disparaissant pour leur entourage et devenant des sans-abris en sont un exemple) et la pratique de la charité moindre.
Les âmes des défunts voyagent et reviennent sur Terre lors de la fête O-Bon à la mi-août.
S’il s’est agi d’une mort violente ou contrariée, l’âme est condamnée à errer sans fin en quête d’une solution ou d’une vengeance. D’où la croyance répandue parmi les japonais dans les fantômes. Au Japon, c’est donc le bouddhisme uniquement qui prend en charge les cérémonie funéraires et tout ce qui touche à la mort, que l’on soit croyant ou pas.

*Proverbe bouddhiste japonais : “Nombreux sont les chemins qui mènent au mont Fuji, mais certains sont moins escarpés que d’autres.”

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Le confucianisme

Le confucianisme n’est pas une religion. Mais, le shinto et le bouddhisme n’imposant pas de grandes contrainte, le Japon s’est trouvé dans le confucianisme un complément de pensée, une véritable conduite morale. Cette doctrine, morale politique et familiale, bien que n’étant plus enseignée dans l’enseignement primaire et n’étant plus structurée au Japon, est restée diffuse dans les mentalités, consciemment ou non. Elle prêche fidélité, loyauté, piété filiale, respect aux anciens et l’idée de l’amélioration permanente de soi par l’étude. D’où l’assiduité des japonais aux études mais également leur empressement à aborder des activités nouvelles qui peuvent être ludiques, dans les nombreuses écoles proposées à cet effet : cuisine française, danse, art du thé, art floral, etc.

Ainsi donc, le japonais naît, grandit et s’amuse shinto, s’éduque confucéen, se marie chrétien, vit dans l’irréligion et meurt bouddhiste ? C’est un lieu commun, mais il a bien une part de vérité. En fait, le japonais ne cherche pas dans la religion une vérité absolue, mais un apaisement. Ces faits peuvent être très déroutants voire choquants pour un occidental, mais il n’en est rien : dans son contexte, cet apparent désordre est en réalité une vraie harmonie, où tout s’agence naturellement.