La télévision japonaise

Disons-le tout de suite : les français ont généralement l’idée que la télévision japonaise est d’une débilité totale. Comble du ridicule, de la gesticulation et du mauvais goût, en fait personne n’a pu échapper aux images présentées par les chaînes françaises comme exemples à ne pas suivre. Et finalement, non sans condescendance, on se voit inculqué la fausse idée que finalement la télévision française est bien supérieure et, à la limite, que les japonais ne pas très sains d’esprit.

A tel point que, lors de son premier séjour au Japon, avant d’allumer le tube cathodique, on s’attend au pire. C’est alors que l’on peut se rendre compte de la façon dont la réalité peut être déformée. Au lieu de les railler, nos chaînes devraient même s’inspirer de temps en temps des grilles de programmation de leurs consoeurs japonaises.

Certes, aux heures creuses de la journée, quand tout le monde travaille, c’est le classique lot d’émissions ineptes : potins, jeux sans intérêt, etc. Même si en zappant, on peut tomber sur des chaînes surprenantes et intéressantes (cours d’informatique en direct, captures d’écran à l’appui !). Sachant qu’on a le même genre d’émissions dans la même plage horaire (sans parler des Derrick & cie qu’on nous diffuse depuis 30 ans), celle où en principe votre poste est éteint (je l’espère pour vous), on dira qu’il n’y a pas de grande différence quant aux programmes proposés à la ménagère française comme à la ménagère japonaise.

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C’est plutôt le soir en que les choses deviennent intéressantes, exception faite de séries communes similaires aux nôtres (Mitokomo, Good luck !, Kikujiro), avec beaucoup d’émissions ou de programmes sportifs.

Commençons par les émissions. Avec comme invités des célébrités locales ou étrangères, elles sont toujours très vivantes et sont loin de l’aspect si débile qu’on leur prête. Toujours ludiques, tout en restant dans une mesure égale à nos standards, et surtout présentent fréquemment un intérêt culturel.

Par exemple, les invités se prêtent à un jeu de quiz plus ou moins comique (Attack 25), mais toutes les questions sont intelligentes et donnent lieux à des mini-documentaires (souvent sur l’étranger) ou à des expériences. Bref, on se divertit, et on apprend. Un genre de question pour un champion mais plus simple, sans formalisme et plus vivant.

Un autre type d’émission comme exemple : il s’agit d’une sorte d’enquête policière interractive (USO), où le film et l’enquête se déroulent par épisode, donnant entre temps à chacun d’échafauder des hypothèses, des suppositions afin d’essayer de découvrir la vérité. Bon exercice de réflexion et très amusant.

Un dernier genre, avant d’en finir avec les exemples, très nombreux, d’émissions originales : le combat de chefs cuisiniers (Dochino Rioridesho). Et oui, les japonais sont de grands gastronomes. Grands chefs primés, moins connus ou cuisiniers anonymes, et même grand-mère cordon bleu s’affrontent autour d’un menu imposé. Chacun dispose d’une table de cuisine avec tout le matériel nécessaire (plaques de cuisson, évier, ustensiles) et les mêmes ingrédients. Sous la surveillance d’un jury très sérieux, ils doivent tous en même temps composer plat après plat dans un temps imparti. L’égalité des chances étant respectée, le plus talentueux cuisinier remportera la finale. Attention aux surprises (pour les grands chefs) ! La popularité de cette émission et la publicité qu’elle engrange pour le vainqueur sont un gage de sérieux de cette émission. Et comme il est étonnant de les voir travailler à toute vitesse !

Voilà, j’espère que vous me comprenez mieux maintenant, quand je parle d’émissions intéressantes.

Quant aux sport, il est omniprésent. Plus qu’en France, car au Japon la diversité des sports populaires est plus grande. Outre les deux sports les plus populaires, le football et le baseball, combats sumo, K1 (genre de boxe mélangeant toutes les disciplines de combat), marathon, athlétisme, natation, Formule 1… Bref, l’actualité sportive est très chargée et occupe une bonne partie des programmes, toute la journée.

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Il est finalement assez rare de tomber sur un film en soirée, le dimanche restant réservé au film de grand spectacle (américain), tout comme ici, en France.

Les programmes débiles à l’américaine où l’on se gave de nourriture avant de vomir, se pastiche de boue, où l’on prend des bains d’insectes ou je ne sais quoi encore ? Je n’en ai jamais vu. Si cela se produit parfois, ce n’est certainement pas populaire et sûrement à des heures décalées (contrairement à ce qu’on vous dit).

La preuve, dans les émissions genre bêtisier en France, souvent les mêmes images reviennent et lesquelles… En regardant bien, on se rend vite compte qu’elles doivent dater d’au moins 20 ans. Aussi quand le présentateur laisse croire qu’elles sont actuelles, populaires et diffusées à heure de grande audience, laissez-moi rire. C’est la preuve de la rareté de telles débilités, sinon on aurait des images plus récentes.

Imaginez que l’on prenne la pire honte de la télévision française des 20 dernières années et qu’on fasse croire qu’elle est la synthèse de ce qui est vu en France ! Ce ne serait pas mieux. Alors avant de chercher à retirer la paille dans l’oeil du voisin…

Bref, preuve est faite encore une fois qu’il faut soigner son esprit critique avant d’allumer sa télévision. La télévion japonaise, sans être parfaite, est néanmoins très intéressante. Si les chaînes japonaises possèdent apparement bien plus de moyens, nos chaînes devraient essayer de reprendre certaines idées. Car, en allumant mon poste tout à l’heure, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de trouver nos émissions plates en comparaison et de sentir l’ennui m’envahir…