Le taux de suicide

Le taux de suicide est l’argument qui revient systématiquement chez les détracteurs a-priori du Japon et de sa société. Même s’ils ne se sont jamais rendu dans ce pays, ils en ont l’image du société infernale, bétonnée, cloisonnée, habitée par des zombies humains obsédés, névrosés à force de travail.

Ce type de préjugé est profondémment ancré dans les pays européens.

Les chiffres : le Japon dans la “moyenne”

Je vous soumet donc le tableau de statistique suivant issu de l’OMS*, présentant le taux de mortalité par suicide pour 100 000 habitants dans les pays industriels :

Taux de mortalité par suicide pour 100 000 personnes

Pays
1846-1855
1896-1905
1926-1935
1960
1980
2000
Allemagne
11.5
20.4
27.4
18.8
20.9
14.2
Autriche
4.9
18.6
38.0
23.1
25.7
19.0
Danemark
25.9
22.4
17.6
20.2
31.6
17.0
Finlande
4.0
5.1
19.7
20.4
24.7
23.8
France
8.9
20.8
19.8
15.9
19.4
17.5
Hongrie
3.2
20.5
31.5
24.9
44.9
31.6
Italie
3.1
6.3
9.3
6.1
6.4
8.2
Russie
2.6
3.3
4.5
36.0
40.1
Suède
6.9
14.6
15.7
17.4
19.4
14.2
Etats-Unis
5.8
10.3
14.7
10.6
12.2
11.3
Japon
18.0
21.3
21.6
17.6
25.1
* Organistion Mondiale de la Santé
Tous les chiffres à partir de 1960 sont issus de l’OMS.
Auparavant, la source est Histoire de la violence, CHESNAIS J.-C.

Comme vous pouvez l’observer, le taux de suicide est variable au cours du temps et son augmentation est intimement lié à des contextes politico-socio-économiques difficiles à l’échelle d’un pays.

Il ne s’agit certes pas de se conforter d’un taux de suicide quel qu’il soit, mais vous aurez constaté que le taux de suicide au Japon est dans la moyenne des pays industrialisés. Ni plus, ni moins.

Ces chiffres étant plus au moins fluctuant, vous observerez, peut-être surpris, que selon les périodes, la France, entre autres pays occidentals, présente un taux plus élevé que celui du Japon.

Une culture du suicide ? NON

Il est une chose que ces chiffres démontrent de façon sûre : le taux de suicide d’un pays n’est ASSUREMENT PAS un phénomène culturel. Certes, le code de l’honneur japonnais, remontant à la tradition des samourai, préfère en situation extrême le suicide (Harakiri) au déshonneur. Mais, et spécialement aujourd’hui, cela appartient au mythe et ne peut qu’être marginal.

Des villes invivables ? NON

Il ne faut pas négliger le stress induit par l’urbanisation, mais il ne faut pas en exagérer les effets. Bien sûr, on aime ou on n’aime pas les grandes villes, on les supporte ou pas. Cependant, au Japon, ce stress est compensé par une paix sociale et approche des services centrée sur l’utilisateur, apportant une notion de confort inconnue en occident. Ce n’est en tout cas pas un enfer poussant au suicide.

Les conditions de travail ? NON

Les conditions de travail dites insuportables au Japon apparitiennent au mythe. Si les japonais travaillent effectivement sérieusement, leur semaine de travail est de 40 heures… On pourra dire qu’ils effectuent beaucoup d’heures supplémentaires non comptabilisées et qu’ils ne prennent que peu de vacances, c’est vrai. Mais certains cadres ou chefs d’entreprises de nos sociétés, et encore plus dans les sociétés américaines, connaissent le même rythme.
Bref, les japonais ne sont pas malades de travail (ils savent s’amuser) et leur assiduité au travail correspond à un mode de pensée qui leur est propre. Non, le japonais ne se suicide pas parce qu’il travaille trop !

Conclusion : les japonais ne sont pas spécialement suicidaires !

En conclusion, le suicide au Japon n’est du ni à une culture spécifique, ni au stress, ni aux conditions de travail. En un mot, le suicide n’est pas spécifique au Japon, mais aux sociétés humaines de tous temps. Les causes de suicide sont somme toutes , hélas, banales. Comme partout, on y verra des causes psychologiques, économiques, dans une certaine mesure sociales… Je suis tout à fait incapable de vous en présenter les causes, et cela serait hors sujet dans le cadre de ce site.

En tout cas, une lecture simple des taux de l’OMS nous aura permis d’écarter un grand nombre de préjugés, qui ont la vie dure et que ce site essaie de combattre.