Au Japon, l’hygiène n’est pas un mot vain. Réellement, en toute objectivité, il sera difficile de trouver un autre pays aussi propre dans le monde.
Dans ses moindres gestes, la propreté (seiketsu) est pour les japonais une notion essentielle, presque obsessive.
Il faut dire que, dès le plus jeune âge, l’éducation met un accent très prononcé sur l’hygiène, en responsabilisant les enfants. Ainsi, aucun personnel d’entretien n’est présent dans les écoles : c’est la tâche des étudiants de nettoyer, chacun se voyant assigner une tâche particulière à une horaire précise, de façon cyclique, après les cours.
Il est vrai qu’à partir du moment que l’on comprend par la pratique ce que peut représenter un tel travail, il devient difficile de ne pas montrer plus de considération envers son hygiène. Cette éducation, soji, a le mérite de faire connaître quels gestes se cachent derrière le non respect de l’hygienne.
les élèves en train de nettoyer leur classe
Cette manière d’effectuer sa part de nettoyage, au moins à son échelle en veillant à ne laisser aucune trace de son passage, se perpétue tout au long de la vie d’un japonais.
Et il en est ainsi depuis très longtemps, même s’il est impossible d’en déterminer une origine temporelle exacte dans l’histoire du Japon.
Donc, on ne peut qu’émettre des hypothèses sur les causes de ce comportement. Peut-être, pourra-t-on par exemple penser, que la consommation de nourriture crue (poisson), qui exige une hygiène irréprochable, est une de celles-ci. Autre raison possible, dans le passé, le Japon possédait moins d’animaux de ferme que les pays européens, et connaissait donc moins les problèmes hygiéniques que cela engendre. De même, dès le 17ème siècle, le gouvernement avait expressément interdit à la population de jeter les ordures dans la rue ou de polluer les rivières avec de l’eau sale. Nettoyer et draîner les rivières était une tâche officielle proposée aux citoyens en échange d’une exemption d’impôts. Ainsi, pendant que la Seine refluait une pollution fétide, la population d’Edo – alors la plus grande ville du monde (plus d’1 million d’hab.), aujourdhui Tokyo – mangeait les poissons pêchés dans la rivière Sumida, à l’est de la ville.
Dans les faits, à notre époque, le résultat est bluffant. Vous pouvez marcher dans les rues des grandes villes les yeux fermés (les parisiens comprendront à quoi je fais allusion). Bien que ne l’ayant jamais fait (quel intérêt ?), je n’aurai ni hésitation ni crainte de m’allonger par terre. Aucun papier ne traîne par terre, ni même dans le métro où pourtant les poubelles n’existent plus (elles ont été supprimées suite à l’attentat contre le métro au gaz sarin). Aucune odeur nauséabonde (cf métro parisien). Les grafitis ou tags sont pour ainsi dire inexistants (en fait, je n’en ai vu que sur une photo, jamais en réalité, dans un livre censé illustrer les dérives d’une certaine jeunesse, mais bon ce sont là des cas très rares, l’auteur a dû à mon avis bien chercher). Les intérieurs sont bien sûr encore plus propre, puisqu’il est de rigueur d’abandonner ses chaussure pour des mules d’intérieur (toujours prêtées) dès l’entrée, exception faite de certains grands immeubles, entreprises ou hotels à l’occidentale (il faudra toutefois les enlever à l’entrée de sa chambre). Au restaurant, au début du repas, un linge chaud et imbibé de substance aseptisante vous est apporté : servez-vous en avant de manger dans de bonnes conditions de propreté !
La gare de Kyoto : cherchez la poussière (cliquer pour agrandir)
On pourrait encore étendre ce respect de l’hygiène au port du masque respiratoire. Si certains le portent effectivement pour se protéger de la pollution des gaz d’échappement, il est surtout utilisé par les personnes malades, soucieuses de ne pas transmettre leurs microbes aux voisins.
Le port du masque
Voilà, que dire d’autre, multiplier les exemples est inutile. Encore une fois, on ne peut rester qu’admiratifs de cette leçon de savoir-vivre en société, de vraie solidarité, que nous donnent les japonais. Imaginez donc un pays presque intégralement propre, cela veut dire partout, où que vous alliez (ou presque, il doit bien y avoir des cas rares). Imaginez donc l’impression qu’ont les japonnais qui visitent Paris (par exemple) ! Ce qui est gênant pour nous, pourtant habitués quotidiennement, est insoutenable et inacceptable pour un japonais.
Non, décidément, si vous voyagez au Japon, au moins vous n’aurez aucun soucis à vous faire au sujet de l’hygiène, vous pourrez avoir confiance, elle y est presque parfaite. Il y a fort à parier que ce sera même à vous de faire quelques efforts à ce niveau-là…