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Parlez-vous fraponais ?

Peut-être en avez-vous déjà entendu parler… Sinon, si vous êtes jamais allé au Japon, je suis sûr que vous voyez déjà quel sera le sujet de cet article.

Fraponais est la contraction de “français” et “japonais”, pour exprimer l’utilisation qui est faite du français au Japon.

L’invention de ce mot ne me revient, et j’ignore qui l’a créé. Mais en le tapant simplement sur Google, vous trouverez un certain nombre de sites et de blogs traitant du sujet.

Cela vous suprendra peut-être, mais il est vrai qu’il n’est pas rare de déceler des mots français lors de son séjour au Japon. Soit ils sont écrits en romanji, soit phonétiquement en katakana.

Pourquoi ? Dans l’imaginaire des japonais, le français rime avec chic. Sur un produit, en particulier cosmétique ou culinaire, cela exprime avec un certain degré de sophistication. D’un point de vue marketing en tous cas, ce qui n’a pas échappé aux entreprises.

Maintenant, pourquoi ne pas tout simplement dire qu’ils utilisent du français ? Et bien, il faut le reconnaître, c’est du français à la sauce japonaise. En fait, personne n’étant en mesure de comprendre le mot, seule la sonorité importe. Du coup, on retrouve des fautes d’orthographe énormes ou des mots utilisé à tord et à travers.

Cela donne lieu à des situations très amusantes, dont voici quelques illustrations :

Des noms de résidences…


Maison Espoir

Je cherche encore le sens…

Grande Maison

Non, ce n’était pas un restaurant !

Des commerces…


A bientôt ! (restaurant)

Le Saint-Pierre, un restaurant français

Pas d’erreur ici, nous sommes bien dans une gare.

Un magasin de vêtements

Un salon de coiffure !

Autres…


Je ne savais pas que le curry était…

… une spécialité française !

Du pain

Un calendrier…

Ce n’est qu’un aperçu, car j’en ai vu bien d’autres (dont des plus hors propos), mais je n’ai pas toujours l’appareil photo sur moi.

Ceci dit, je reviendrai de temps en temps compléter ce florilège !

Mais attention , ne vous moquez pas trop !!! D’abord nous faisons de même avec certains mots anglais ou italiens sur bien des produits. Mais le pire est avec les kanjis, que l’on retrouve un peu partout de nos jours ! Gastronomie, mobilier, objet décoratif, vêtement, etc.

Savez-vous vraiment ce qu’ils veulent dire ? En tous cas, dans la rue, bien des personnes arborant fièrement des T-shirts semblent l’ignorer.

L’autre jour, et ce n’est que l’exemple le plus récent, nous avons trouvé quelqu’un portant un T-Shirt avec un énorme kanji blanc sur fond noir signifiant : Hémoroïdes !!!

Volontaire ou pas de la part des concepteurs de ce T-shirt (probablement made in China) ? Là est la question. En tous cas, faites attention quand vous achetez ce type de T-shirt… ou abstenez-vous…

L’écriture japonaise

L’écriture est apparue au Japon assez tard, problement vers le III° siècle, date à laquelle on trouve les premières sources écrites japonaises.

L’écriture chinoise a été dans un premier temps importée intégralement du continent. L’empire chinois était alors très puissant, et exerçait une influence culturelle forte sur ses voisins. Ainsi, jusqu’au VIII° siècle, le chinois fut la langue des écrits officiels, comme le latin au Moyen-âge européen, malgré la volonté grandissante de l’Etat de Yamoto, premier état du Japon, de traiter d’égal à égal avec la Chine.

Ensuite, les japonais commencèrent à utiliser les caractères chinois pour écrire phonétiquement les mots de la langue indigène, ancêtre du japonais moderne. Les caractères japonais perdaient ainsi (parfois) leur sens et surtout leur prononciation originelle, au profit du sens et de la prononciation japonaise.

A partir du IX° siècle, des signes spécifiques, les “kana”, entrèrent en usage. Ils sont de deux types et on peut les assimiler à deux alphabets syllabiques de 48 caractères chacun (dont 2 ne sont plus utilisés) :

– les Katakana : un fragment de caractère chinois a été conservé pour composer chaque caractère ; il est utilisé principalement pour transcrire des mots de provenances et de sonorités étrangères, ou pour une mise en évidence syntaxique;

Exemple Katakana :

コンピュ-タ-

computa pour computer (ordinateur)

– les Hiragana : les caractères d’origine ont été ici représentés dans une forme plus cursive ; c’est l’alphabet du japonais par définition, utilisé pour écrire les mots japonais, les terminaisons, les particules, etc.

Exemple Hiragana :

こんにちは

konichiwa (bonjour)

La catégorie des Kanji rassemble tous les caractères chinois, toujours utilisés aujourd’hui. Il en existe des milliers, dont la connaissance sera une indication d’érudition. En moyenne, un japonais, pour son usage courant, apprend tout au long de son cursus scolaire à en connaître 2000. Des test officiels (Kanji/Kentei) permettent aux japonais, quel que soit leur âge, de valider leur connaissance des Kanji avec un système de grades (un peu comme le TOEIC pour l’anglais).

Exemples Kanji :

日本語

Nihongo (japonais), en hiragana : にほんご

arashi (ouragan), en hiragana : あらし

Le Kanji est préféré à l’Hiragana, car d’une part il montre une certaine éducation (les enfants apprennent à écrire avec l’hiragana), et surtout parce qu’il fait appel à la mémoire photographique. La forme d’un Kanji évoque quasi-instantannément son sens à un japonais, au contraire d’un mot codifié en hiragana qu’il faut déchiffrer de syllabe en syllabe.

Hormis le fait que les Kanji sont difficiles à apprendre, une fois maîtrisés, ils sont donc un incontestable avantage : très courts et très rapides.

Ainsi, dans n’importe quel écrit japonais, les trois systèmes d’écritures se mélangent : les Hiragana pour les particules grammaticales et certains verbes, les Kanji pour un grand nombre de mots et enfin les Katakana s’il y a des mots d’origine étrangère.

Cette singularité de l’écriture japonaise en fait la plus complexe au monde.

Je vous invite à découvrir les grilles complètes des Hiragana et des Katakana, ainsi que quelques Kanji, dans la section “cours de japonais“.

Enfin, regardez ces exemples de création d’un idéogramme Kanji. Ils sont très parlant et montrent bien l’origine et l’essence visuelle d’un idéogramme, imaginé à partir d’une image puis déformé et stylisé au fil du temps (je ne vous ferai pas l’injure de traduire les mots anglais) :

competition kanjis père et gros