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Articles classés par catégories sur le Japon et la vie des japonais

Le Nouvel An

Quand et comment se déroule le nouvel An ?
Le 1er janvier est appelé Shogatsu ou Oshogatsu. C’est le jour de célébration du nouvel An et le jour férié le plus important au Japon, de la même manière que Noël dans les pays occidentaux. Généralement, nous avons trois jours de congés du 1er au 3 janvier, appelés Sanganichi. Les étudiants, eux, voient leurs vacances commencer plus tôt, autour de Noël. Au Japon, les travailleurs peuvent difficilement trouver des jours de vacances, et les magasins ouverts 24h/24 restent même ouverts !

Que font les japonais pendant le nouvel an ?
Le mois de décembre est appelé Shiwasu au Japon, ce qui signifie “les moines courent”. En effet, il faut comprendre que même ceux-ci sont afférés pendant ce mois, car tout le monde est occupé à préparer le nouvel an.

D’abord, tout le monde effectue un grand nettoyage appelé Osoji quelques jours avant le jour J. Il ne s’agit de simplement essuyer ou aspirer. C’est un grand chantier. Nous nettoyons nos maisons jusque dans les moindres recoins ! Cela peut prendre un jour, voire plus. Par exemple, nous enlevons tous les livres des étagères et enlevons toute la poussière accumulée pendant l’année. Savez-vous la quantité de poussière sous la télévision ou le frigo ? Ou enconre combien les cadres des fenêtres sont sales ? Nous retirons aussi tous les planchers en tatami pour les exposer au soleil. Nous les replacerons à l’envers. Ce même nettoyage en profondeur a lieu partout, jusque dans les temples. Bien sûr, le dernier jour avant de quitter le travail, nous faisons de même sur nos bureaux. Nous ne pouvons pas laisser la moindre poussière accumulée pendant l’année, car ce serait à notre sens mauvais signe pour l’année à venir. Nous avons ainsi l’impression que tout le mal et la mauvaise fortune sont ainsi évacués. Le nouvel an se doit d’être sacré.

Une fois ceci fait, le jour du réveillon arrive, appelé Omisoka. Nous mangeons des nouilles, Toshikoshi-soba, faites de blé noir. Elles sont spécialement préparées pour l’occasion. Soba a un sens positif pour nous. C’est très sain et conseillé pour la longévité. Un autre aspect important de la tradition est que nous mangeons ces nouilles autour de minuit.

Néanmoins, la plupart de gens au Japon, jeunes ou vieux, attendront minuit en écoutant les Joya-no-kane, les 108 coups de cloches du temple le plus proche. Le son des cloches se prolonge ainsi dans la continuité de l’an passé vers l’an nouveau. Le nombre 108 symbolise le nombre de mauvais esprits dans l’être humain, et à chaque fois que la cloche est frappée nous pensons que l’un d’entre eux disparaît. Pendant que les coups sont décomptés, nous visitons un temple ou un sanctuaire pour prier pour une longue vie et du bonheur dans l’année à venir, et pour se purifier. Cette visite s’appelle Hatsumode.


Mots-clés pour décrire les traditions japonaises

Maintenant, nous allons vous donner des mots-clés concernant l’Oshogatsu japonais, lesquels donnent je le pense des éléments d’appréciation de notre cultures et de nos coutumes.

Kadomatsu
Unkadomatsu est une décoration consistant en une paire de branches de pin et de tiges de bambou. Ceci est placé de chaque côté dans l’entrée des maisons pendant les vacances du Nouvel An et symbolise la longévité, la prospérité et la pureté.

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Shimekazari
Un shimekazari est une décoration de paille entrelacée pour former une corde, avec des feuilles de fougère, une orange et d’autres objets de bon augure. On les place au dessus de l’entrée de la maison pendant les vacances du Nouvel An. (voir les petites announces du Forum)

Nengajo
Nengajo sont des cartes de voeux à envoyer aux amis, aux collègues de travail et aux clients pour souhaite une bonne nouvelle année. Cette coutume japonaise est tout à fait similaire à la coutume occidentale.

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Hatsuyume
Hatsuyume est le premier rêve du nouvel an. Des rêves du mont Fuji, d’un faucon ou d’une aubergine sont considérés comme de bons présages.

Otoshidama
Otoshidama un don en argent, traditionnellement donné aux jeunes enfants par les parents, les proches et les amis de famille pendant les vacances du nouvel an. Ce geste est considéré comme un don religieux. De l’argent peut aussi être donné aux enfants, comme symbole du partage des récoltes de l’an passé.

Hanetsuki
Hanetsuki un jeu traditionnel du Nouvel An, ressemblant au badminton. Il est pratiqué avec une raquette ornée de filles vétues de kimono.

shinsaku

Takoage
Takoage signifie cerf-volant. Il s’agit d’un jeu fréquemment joué par les petits garçons au moment du Nouvel An.

Osechi-ryori
Osechi Ryori sont des mets spéciaux pour les vacances du Nouvel An. Une grande variété d’aliments comme du poisson, des haricots noirs, des algues et des légumes est préparée et arangée avec art dans desboîtes laquées à plusieurs compartiments, appelées Jyu-bako. Chaque inbgrédient est porteur d’un bon présage ou d’une signification positive. Certains d’entre eux ont un jeu de mots. Par exemple, les haricots sont appelés mame en japonais, et le mot mame est utilisé dans l’expression “mame mameshi“, ce qui signifie “assidu au travail” ou “rapide”. Un autre exemple intéressant est la racine de lotus. Cette racine présent de nombreux trous à l’intérieur, et vous pouvez ainsi voir l’autre extrémité de la racine au travers de l’un d’entre eux. Ainsi nous pensons que l’aliment nous aidera à avoir de bonnes prévisions.

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Toso
Toso est un sake parfumé avec des herbes. Servi pour le Nouvel An, on lui prête le pouvoir de repousser les démons et de favoriser une bonne santé pour toute l’année.

Zoni
Zoni est une soupe contenant des gâteaux de riz, des tranches au goût de poisson et des légumes servi pendant les vancances du Nouvel An. Un chose drôle est que la soupe, les ingrédients et la forme des gâteaux de riz changent selon les régions. Ainsi cela devient parfois sujet de discussion entre les japonais.

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Bonenkai and Shin-nenkai
Bonenkai signifie littéralement “la fête pour oublier l’année”. C’est une fête de fin d’année pour oublier les mauvais souvenirs de l’an passé et aborder le nouvel an l’esprit frais et serein. Elle se tient habituellement sur le lieu de travail, entre collègues et relations d’affaires. En revanche, shin-nenkai est une fête pour célébrer le nouvel an, habituellement tenu quelques jours après le premier jour.

Seibo
Seibo est un cadeau de fin d’année que nous donnons à nos supérieurs hierarchiques, clients et professeurs pour leur exprimer de la gratitude pour les services qu’ils ont pu nous rendre.
Quelle est la façon moderne de célébrer le Nouvel An au Japon ?
Plus notre vie est moderne, plus les gens oublient la tradition. Généralement, le Nouvel An est un jour de rassemblement pour les membres de la famille, mais il se trouve quelques personnes pour ne pas faire ainsi. Non seulement des adultes mais aussi des jeunes ont changé la coutume. De moins en moins d’enfants jouent au Takoage ou au Hanetsuki, qui était un scène répandue dans tous les champs. Ce qu’ils font de nos jours, c’est jouer à des jeux video à l’intérieur. Quand ils reçoivent l’Otoshimada, ils foncent tout droit sur un centre commercial pour s’acheter un nouveau jeu vidéo. Même certaines épouses vont au supermarché pour acheter des Osechi-ryori tout faits. Maintenant nous avons beaucoup de choix dans les magasins, des mets traditionnels à ceux d’un style français !!

Mais, heureusement, nous n’aimons pas délaisser notre tradition, aussi beaucoup de gens essayent de retourner vers leurs villes d’origine pour retrouver leurs familles et leurs racines. Ainsi, se produisent des embouteillages dans les rues et les lignes de shinkansen sont surpeuplées pendant cette période de l’année. Le Japon est un petit pays, aussi de grands problèmes se posent lorsque tant de monde se déplace au même moment. Beaucoup d’habitants essayent de sortir de Tokyo, mais ce qui est amusant est qu’ils sont remplacés par un grand nombre de touristes. La plupart sont des étudiants en vacances, aussi il y a moins de travailleurs mais beaucoup de jeunes dans la ville à ce moment.

Une autre tendance récente est que des chanteurs japonais populaires donnent des concerts de fin d’année le jour du réveillon.Ils attirent beaucoup de jeunes qui délaissent leurs familles. Ou alors, ces concerts étant retransmis, les parents trouveront leurs enfants scotchés devant la télévision !

A la maison, la plupart des gens regardent la télévision, car il y a des évènements musicaux spéciaux appelés Kohaku, qui rassemblent les chanteurs japonais qui ont connu du succès pendant l’année passée. Aussi bien de jeunes chanteurs que des chanteurs plus agés voire anciens, appréciés par les personnes de leurs âges respectifs, chantent.

Si vous avez la chance de vous trouver au Japon pendant les vacances du Nouvel An, vous vivrez une grande expérience. Même si nous somme dans une époque moderne, vous pourrez découvrir beaucoup de traditions, et tout particulièrement dans les petites localités. Et découvrez la culture japonaise !

La Saint-Valentin japonaise, “White Day”

Le 14 février, la coutume au Japon est des plus surprenantes : les femmes offrent des chocolats aux hommes !

Le chocolat, acheté ou préparé maison, est destiné à l’homme aimé. S’il aime celle qui lui a offert le chocolat, il lui répond un mois plus tard, soit le 14 mars, en lui offrant des cookies. En absence de réponse, l’aimante doit alors se faire une raison.

Maintenant, la courtoisie veut qu’une femme offre en réalité du chocolat à tous les hommes qu’elle côtoie, en particulier les collègues de travail. Elle offre à ce moment-là du “giri choco”, se traduisant littéralement par “chocolat obligatoire”, c’est à dire du chocolat marché.
En revanche, elle réserve le “honmei choco”, soit “chocolat authentique”, au favori, comme vous l’aurez deviné.

gâteau st-valentin

Mais comment la Saint-Valentin a-t-elle bien pu arriver au Japon ? Et surtout, pourquoi a-t-elle pris cette forme si étrange ?

L’Histoire va vous apporter les réponses.

Il aura fallu beaucoup de temps avant que la Saint-Valentin ne se fasse accepter, et ce en dépit des intérêts commerciaux qui finiront cependant par l’emporter.

En effet, dès 1936, des campagnes publicitaires tentent de lancer cette célébration, mais c’est un échec total.

Du coup, il faudra attendre après la guerre, en 1955, avant que des grands magasins n’ose risquer une nouvelle fois l’aventure, en essayant de répandre l’idée que les couples devraient s’échanger des cadeaux au moins une fois dans l’année. Mais, une fois encore, la sauce ne prend pas.

Quelques années plus tard, en 1958, un directeur des ventes d’un fabricant de chocolats, la maison Morozoff, entend parler de la Saint-Valentin par une de ses connaissances en Europe. Il décide alors d’exploiter commercialement cette idée, en vendant le 14 février des chocolats s’accordant sur le thème de la Saint-Valentin.

Voilà qui explique pourquoi aujourd’hui le chocolat est au centre du “white day” japonais. Reste une question : pourquoi les femmes seulement offrent et pas les hommes ? Sûrement pas, comme on pourrait le penser de prime abord, pour une raison de culture. Non, l”explication “marketing” est bien plus probante : l’intégration de la Saint-Valentin a été une offensive commerciale, dont la cible privilégiée, pour ne pas dire unique, fut la femme au foyer, vecteur de son succès.

Ce succès n’est toutefois pas immédiat, et il faudra attendre vers 1975 pour que la fête devienne réellement populaire. Il aura donc fallu près de 40 ans pour cela !

De nos jours, on estime qu’à peu près la moitié des japonaises pratiquent la coutume. Elles y consacrent en moyenne 1000 ¥ (10 €), ce qui représente un chiffre d’affaire au niveau national de 60 milliards de yen, soit 600 millions d’euros environ.

Enfin, elles en offrent chacune en moyenne à 4 ou 5 hommes (60 % des célibataires dans les 20 ans en offrent à plus de 6 hommes, ce qui est bien compréhensible !).

Le jour de la majorité, Seijin-no-hi

Le jour de la majorité au Japon
Un jour est dédié au passage dans l’âge de la majorité au Japon et il est appelé Seijin-no-hi. Il tombe le second lundi du mois de janvier. C’est une fête nationale, dédiée aux jeunes gens de la nation qui ont atteint l’âge légal de la majorité, à savoir 20 ans, pendant l’année précédente. Les amis et la famille se réunissent pour célébrer la nouvelle indépendance du jeune adulte.

La loi concernant la fête nationale
Article 1 : Les japonais qui cherchent sérieusement la liberté et la paix devraient effectuer des célébrations et des actions afin de favoriser le développement des belles traditions, la constuction d’une société meilleure et d’améliorer la qualité de la vie ; ces jours de célébrations seront définis comme fêtes nationales.

Article 2 : le jour de l’entrée dans l’âge majeur est le jour pour fêter et encourager les jeunes gens conscients d’avoir grandi et dévouant leurs efforts à vivre indépendamment.

La réalité
La population du Japon est en train de diminuer – et par conséquent la part démographique des jeunes. Avant le nombre d’enfants dans une famille était de 4 ou 5, mais maintenant la moyenne tend vers 1 ou 2 enfants. Certaines mère veulent porter plus d’attention à l’éducation de l’enfant, au contraire d’autres préfèrent poursuivre leur carrière professionnelle sans avoir à s’occuper d’un enfant. Ce changement de style de vie est en train de causer beaucoup de problèmes à notre société actuellement.

Comme il n’y a plus beaucoup d’enfants par famille, beaucoup d’attention est portée sur l’enfant. Cet excès de soins se traduit par une augmentation du stress chez celui-ci, et il finit par ne plus écouter ses parents et par profiter de chaque situation à son avantage, comme il lui plaît. Ceux qui n’ont ni frère ni soeur tendent à être gâtés ou sur-protégés, parce que les parents veillent excessivement à satisfaire ses besoins, quels qu’ils soient. Les jeunes finissent ainsi par penser que les adultes vont toujours les écouter et leur pardonner quoi qu’ils fassent.

On peut donc dire que, de nos jours, le mot discipline est en train de perdre de son sens au Japon.

Le jour du passage à l’âge majeur, beaucoup de villes organisent une grande fête pour les jeunes, mais chaque année des incidents se produisent. Par exemple, alors qu’un maire était en train de faire son discours devant des centaines de jeunes de 20 ans, un groupe l’a interrompu et l’a hué alors que le maire les sommait de s’en aller. Les jeunes ne respectent plus les adultes. Un autre cas s’est produit alors qu’un groupe de jeunes marginaux, sâouls, ont commencer à se battre en public à la fin de la cérémonie. Des vitres ont été cassées sur la voie publique, et bien sûr cela s’est terminé par des arrestations. Ainsi, un certain nombre de ces incidents sont reportés chaque année.

Non seulement les jeunes mais aussi les adultes sont quelquefois à blâmer. Certains d’entre eux essayent de trouver quelque chose qui va plaire aux jeunes, afin de gagner en popularité (à des fins politiques). Par exemple, une ville avait décidé d’installer la célébration à Disneyland. Idée sutpide. Les jeunes étaient seulement intéressés par les personnages de Disney, sachant qu’ils sont censés être éveillés aux responsabilités de la vie adulte. Comment ainsi pourront-ils être préparés aux dures réalités de la vie ? Et comment peut-on imaginer un tel évènement lors d’une journée traditionnelle ?

Il y a une dizaine d’années, les choses étaient bien différentes. Je pense que c’est là le début de la décadence de la société japonaise. Regrettable.

sijin-no-hi

Noël et le Nouvel An japonais

Noël

On dit que le Noël occidental perd, depuis quelques années, de plus en plus son sens religieux, se transformant en une fête païenne, pour ne pas dire commercial.

En revanche, de sens religieux, Noël n’en a jamais eu au Japon. Et pour cause, dans un pays de cultes shinto et boudhique (voir rubrique “La Religion au Japon” pour plus d’informations”), où cette fête d’origine chrétienne a été introduite pendant l’ère Meiji.

A ce moment là, le Japon commençait lentement à se réouvrir sur le monde. Aussi, le port de Kobe accueillait un certain nombre d’occidentals, qui fêtaient naturellement Noël. Pour les besoins de décoration de cette fête, ceux-ci faisaient appel aux artisans locaux, leur achetant des objets habituellement réservés aux célébrations boudhistes.

La popularité de ces décorations d’un nouveau type fut telle qu’elle se retrouvèrent bientôt sur les arbres de Noël… en Amérique !

Ensuite, la curiosité des japonais et le mercantilisme aidant, la célébration de Noël se transmi lentement à travers le Japon. Mais toujours très futilement, sans aucune compréhension religieuse, car la chrétienneté ne s’est jamais répandue dans l’archipel.

On retrouve bien cette attitude dans la manière actuelle des japonais de fêter Noël. C’est en effet une fête essentiellement pour les couples, l’occasion de sortir au restaurant ou, pour certaines familles, de faire des cadeaux aux enfants autour d’un “gâteau de Noël” (tout ce qu’il y a en fait de plus banal pour un occidental).

nouvel an

Le gâteau de Noël japonais

On pourra admirer de belles décorations un peu partout, des pères Noël et des arbres de Noël… mais c’est tout pour les similitudes avec notre célébration. La plupart des japonais ignorent le lien précis entre Jésus et cette fête, et n’y songent absolument pas.
Finalement… n’est-ce pas exactement comme un certain nombre de français aujourd’hui ? Mais j’en reviens là à mon introduction…

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Arbres de Noël à Tokyo nouvel an

Une église de Tokyo à Noël

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Illuminations à Kobe

Le Nouvel An

La confusion est souvent faite : le nouvel an japonais n’a rien à voir avec le nouvel an chinois.

En fait, les japonais utilisant le calendrier occidental, leur nouvel an corrrespond évidemment au nôtre ! Encore une fois, l’ère Meiji fournit l’explication de ce singularisme en Asie : l’ouverture sur le monde, pour des raisons économiques, a imposé l’adoption du calendrier grégorien en 1872 et l’abandon (du moins pour une utilisation courante) du calendrier japonais – très complexe et basé sur des ères (chaque ère correspondant au règne d’un empereur) et les phases lunaires et solaires d’inspiration chinoise.

Les fêtes de ce calendrier ancien sont encore célébrées sur des petites îles du sud, voisines d’Okinawa.
Et bien sûr dans des pays comme la Chine, Taiwan et la Thailande.

Bien que globalement similaire, ce nouvel an comporte bien quelques particularités japonaises, qui font qu’il est connoté de significations religieuses.

Donc, la célébration du nouvel an s’étale sur trois jours fériés au Japon. On va au sanctuaire shinto pour les prières et les cérémonies, et on prépare un grand repas en famille pour le réveillon.

shinto nouvel an

Prières dans un sanctuaire Shinto à l’occasion du Nouvel An

Le repas se compose de mets, dont chacun comporte une signification positive. Par exemple, la racine de Lotus comporte naturellement un grand nombre de trous, à travers lesquels on peut voir : pour voir le futur à venir dans le nouvel an. Autre exemple : le gâteau de riz Mochi, très élastique, donc long : pour symboliser une longue vie. Ou encore les haricots “mame”, à l’origine de l’adjectif “mamemameshi”, signifiant “assiduité au travail” : un bon présage pour une situation professionnelle.

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Osechi, le plat traditionnel du Nouvel An

A cette occasion aussi, les enfant reçoivent une somme d’argent, geste en relation avec le shinto et le partage des récoltes entre les parents et les enfants.

voeux de l'empereur

Les voeux de l’empereur

Ainsi, chose amusante, la nature des célébrations est singulièrement inversée avec le monde occidental : un noël religieux et un nouvel an païen en occident, un noël païen et un nouvel an religieux au Japon.

Histoire et conception du Droit au Japon

Malgré toute la prudence qu’une telle démarche ne manque pas d’imposer et au-delà des divergences doctrinales, les juristes français définissent traditionnellement le droit, soit sous un angle objectif comme un ensemble de règles sanctionnées par l’Etat et participant prioritairement au maintien de l’ordre social, soit sous un angle subjectif comme l’ensemble des prérogatives individuelles qui permettent à son titulaire de faire, d’exiger ou d’interdire quelque chose.

Or, de manière globale, la culture juridique japonaise n’adhère à aucune de ces deux définitions. En témoigne la langue, dans laquelle on ne trouve pas d’équivalent au vocable « droit ». Néanmoins, la nécessité conduit à établir des rapprochements. Ainsi, correspond-il plutôt à notre notion de droit objectif et kenri renvoie-t-il à celle de droit subjectif. Toutefois, ce phénomène n’est pas propre au Japon : il touche l’ensemble de l’Extrême Orient.

En effet, les peuples extrême-orientaux ne placent pas leur confiance dans le droit pour assurer l’ordre social et la justice. Certes, il existe un droit, mais il ne joue qu’un rôle subsidiaire. La préservation de l’ordre social repose essentiellement sur des méthodes de persuasion, sur des techniques de médiation et de conciliation propres à préserver l’harmonie et ressortissant de normes de comportement (giri). Ces dernières observées par crainte du mépris social sont très proches du li chinois.

Aujourd’hui, la conception, que les Japonais se font du droit, est le résultat d’une histoire pluriséculaire, dans laquelle se rencontrent et se mêlent pensée asiatique, spécificité japonaise et technique occidentale. Dans cette lente évolution, une étape charnière se dégage, autour de laquelle s’articulent les deux grandes phases de l’histoire juridique japonaise. C’est en 1868, que l’empereur Meiji décide d’ouvrir son pays au monde. Jusque là, le Japon était un Etat replié sur lui-même, dont le système juridique se faisait l’écho. En effet, le droit était encore marqué des traces de conceptions essentiellement asiatiques et très anciennes (I). Avec les réformes de Meiji, des changements radicaux furent infligés à la société japonaise, qui eurent aussi pour impact de faire entrer le droit japonais dans son ère moderne (II).

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^ la cour suprême du Japon, Tokyo

I/ La conception traditionnelle du droit : entre influence chinoise et originalité japonaise

Jusqu’en 1853, les relations extérieures du Japon se font principalement avec la Chine. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que les premières traces de droit au Japon soient le reflet d’une influence chinoise (A). Néanmoins, les conceptions chinoises ne constituent qu’un point de départ, un substrat sur lequel s’édifiera peu à peu un droit original tributaire de l’organisation féodale (B).

A/ L’influence chinoise (600-850 ap. J.-C.)

Les premiers recueils juridiques (ritsu-ryô) sont élaborés sur un modèle chinois et remontent au début de la période Taika (646 ap. J.-C.). A cette époque, la société japonaise, strictement divisée en rangs, est placée sous l’autorité directe d’un empereur (tenno ou mikado), qui veille à la répartition périodique des rizières. Aussi, les volumes de règles juridiques consistent-ils en des ensembles de règles répressives (ritsu) et de commandements civils ou administratifs (ryô), assurant, chacun dans son domaine, la réalisation de cette organisation socio-économique.

Par ailleurs, la sinophilie japonaise se manifeste encore de manière notoire à un second moment. Sous l’ère Tokugawa (1603-1868), en réaction aux influences européennes qui, par le prisme des colons portugais et des missionnaires, mettent en danger l’ordre social japonais, le confucianisme est admis comme doctrine officielle.

B/ La féodalité japonaise (850-1868 ap. J.-C.)

A partir du milieu du IX e siècle, la répartition des terres, telle que l’empereur l’avait prévue dans ses ritsu-ryô, est mise à mal par la féodalité. Peu à peu, l’empereur perd tout pouvoir, pour finalement ne plus être que le symbole religieux de l’union du peuple et du divin. La société s’organise alors autour des seigneuries (shô ou shôen) et le pouvoir passe aux mains des nobles les plus puissants (shôgun et dai-myô). Ceux-ci forment une caste militaire (buke, bushi, samouraï) dominant une hiérarchie de vassaux et de sous vassaux devant une soumission absolue à leur seigneur et vivant selon un droit coutumier propre (buke-hô). Le système juridique est alors dual : tandis que la noblesse suit son code de chevalerie, la roture continue de répondre à l’ancienne réglementation impériale.

A partir du XIV e siècle, suite à une période d’anarchie et au pouvoir grandissant des guerriers locaux (jitô), les ritsu-ryô tombent en désuétude. Le droit personnel des nobles demeure seul en vigueur. C’est pourquoi, le système juridique, tout en restant féodal, est alors dit « unitaire ». Cependant, le droit reste un phénomène mal perçu et sa pratique une activité dévalorisée. En effet, le shôgun évite aussi souvent que possible de trancher les litiges qui lui sont soumis et les sujets ne se virent jamais reconnaître un droit à saisir les tribunaux. Pareillement, il n’y eut au Japon, ni écoles de droit, ni avocat, ni notaire, ni juge qui se distingua du reste des fonctionnaires. Seule durant l’époque d’Edo (1600-1868), s’exerça une certaine activité législative des cours supérieures (Hyôjôsho).

II/ Les formes du droit moderne : entre réception de techniques occidentales et persistance de la tradition

La période du droit moderne s’ouvre en 1868 avec l’ère Meiji. Toute la société japonaise est alors refondue, renouvelée. Toutefois, il convient de ne pas se méprendre : derrière des formes modernes, analogues au modèle occidental (A), la tradition juridique japonaise persiste (B).

A/ La codification du droit

La réception du droit occidental est visible principalement dans l’emprunt fait par le Japon de la technique de codification. Dès 1869, on entreprend de traduire les codes français, avec toutes les difficultés que cela comporte, eu égard à l’absence de juristes japonais et au manque d’équivalents dans les langues et concepts. L’année 1872 marque l’amorce préparatoire d’une série de codes organisant le droit privé. Un code pénal et un code d’instruction criminelle sont promulgués en 1882 sur le modèle français, et en 1890 un code d’organisation judiciaire et un code de procédure civile sur le modèle allemand. Le code civil est promulgué en 1898, influencé par les travaux préparatoire au code civil allemand (Bürgerlisches Gesetzbuch). Puis suivra le code de commerce en 1899.

Le droit public est lui aussi réformé en profondeur d’une part par une série de lois  (liberté des cultures (1871), liberté de vendre des terres (1872), nouvelle division du pays en département (ken) (1890), nouvelle organisation des communes (1888)) et d’autre part par l’octroi par l’empereur à ses sujets d’une nouvelle constitution (1889).

kenpo
^ Un extrait de la constitution
La proclamation de la nouvelle constitution par l’empereur Meiji >>
kenpo
meijikenpo
kenpo
^ Les célébrations qui ont suivi la mise en place de la constitution >>

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la Japon a procédé à d’importantes réformes de son droit. Toutes, d’inspiration américaine, visent à établir la démocratie libérale au Japon et prennent pour fondement une nouvelle constitution (1946).

B/ La résistance japonaise au droit

Si le droit actuellement en vigueur au Japon peut sembler très occidental, il n’en demeure pas moins qu’il est implanté dans une société à la tradition très particulière. En adoptant des législations étrangères, les dirigeants japonais n’avaient nullement l’intention de transformer la manière de vivre de leur peuple, mais simplement le désir de développer le pays sur un plan économique. C’est pourquoi, sous les apparences d’une législation semblable à la nôtre, les Japonais font-ils preuve de particularisme, un particularisme qui leur est propre, fruit de leur culture et de leur histoire. Ainsi, les gens restent-ils généralement réfractaires au droit et aux solutions relativement uniformes que celui-ci induit. Cette mentalité s’observe à deux niveaux : d’une part l’activité législative y est beaucoup plus réduite qu’en Occident (en moyenne 1.500 lois par an en France, contre 123 au Japon pour l’année 1986), et d’autre part le nombre de procès intentés est de loin inférieur au nôtre.

Un grand Merci à Guillaume Boudou pour cet article !

Auteur : Guillaume Boudou

Dernière révision: 2005

Sources :

  • En langue française : Noda ( Y.), Introduction au droit japonais, 1966 / Wang (D.), Les sources du droit japonais, 1978
  • En langue anglaise : Oda (H. ), Japanese Law, 1992 / Tanaka (H.), The Japanese Legal System, 1976 / Von Mehren (A .) (dir.), Law in Japon, 1963