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De retour à Tokyo, ce que j’ai trouvé de changé

Voilà plusieurs années que je n’étais plus allé à Tokyo, ma belle-famille résidant dans une ville assez reculée du Kansai – soit à peu près 5h en train ce qui n’est pas rien…

Du coup j’ai pu noter deux changements particulièrement notables :

  • l’accueil aux étrangers a été nettement amélioré :
    maintenant, les lieux importants sont aussi indiqués en anglais, en mandarin et coréen.
    Dans le métro, les annonces vocales pour les arrêt sont aussi traduites en anglais. C’est vrai que choisir son trajet et acheter son ticket de métro reste toujours aussi difficile, mais là ça ne risque pas trop de changer vu que cela est aussi complexe pour un japonais (ceci est principalement du au fait que les lignes sont gérées par plusieurs entreprises privées).
    Bref, c’est un déjà un pas important de fait, tout à fait cohérent avec la politique d’ouverture touristique amorcée pendant le gouvernement de M. Koizumi.
  • la circulation automobile :
    j’ai également trouvé que la circulation automobile, du moins dans le centre, avait fortement chutée. J’ai aussi trouvé, probablement en conséquence, l’air très propre malgré les 40°C qu’on a dû subir lors de notre visite. Il y a 4 ans j’avais trouvé l’air relativement chargé, mais pas cette fois. C’est en tout cas assez remarquable pour une ville aussi gigantesque que Tokyo. Je n’ai pas d’information très précise, mais la mairie a notamment interdit l’accès au véhicules les plus polluants. Cette loi plus la probable modernisation du parc automobile ont vraisemblablement porté leurs fruits.

Site indisponible

Vous l’aurez peut-être constaté, le site a été indisponible pendant plusieurs jours. Désolé pour cela, mais je ne décolère pas après mon fournisseur d’accès, Noos pour ne pas les nommer.

En fait, cela a-t-il une importance ? D’après mes expériences auprès de différents fournisseurs ou celles de mes proches, c’est semble-t-il bonnet blanc et blanc bonnet : service client déplorable, qualité de service irrégulière, coupures, problèmes d’ouverture de ligne, etc.

Vraiment, le paysage de l’Internet français public est assez déplorable. Souhaitons qu’un peu de réglementation soit mise en oeuvre à l’avenir, ou alors que plus de moyens soient donnés aux consommateurs pour se défendre (type class actions).

En attendant, je vais essayer de trouver un autre FAI, peut-être un plus confidentiel ou orienté pro, ou alors pourquoi pas tenter l’aventure avec un opérateur wifi type Ozone…

Sinon, ça ne m’a pas empêché d’écrire un petit article sur des logiciels que j’ai découvert récemment pour aider à l’apprentissage du japonais.

A bientôt 🙂

Annecdotes et incompréhensions dues aux différences culturelles

On peut voyager au Japon et passer à côté de beaucoup de choses.

Je prendrai comme exemple une conversation que j’ai pu avoir avec un collègue de travail français, qui s’était rendu un mois en stage de fin d’études au Japon.

Outre le fait qu’il ait apprécié ce pays, il demeure un grand nombre d’incompréhensions dues au fossé culturel qui nous sépare et les différentes éducations qui en découlent .

Un premier exemple : ayant demandé son chemin à un japonais, le collège me racontait qu’il fut surpris du temps que celui-ci lui consacra pour l’aider (car il est vrai que même pour un japonais il est difficile de s’y retrouver tant le système est complexe) : « il m’a accompagné partout, jusqu’au commissariat. Il ne voulait surtout pas perdre la face devant un étranger en ne sachant pas répondre à ma question ».

Ce jugement est tout à fait typique du point de vue français, où rares sont les personnes prêtes à rendre service gratuitement. L’homme aurait agi par simple fierté, selon mon collègue. Moi, je dit qu’il est bien plus probable que l’homme ait simplement fait preuve de gentillesse, dans un pays où l’on met un point d’honneur à aider, d’autant plus si la personne est étrangère. Il est ainsi donc regrettable que son geste ait été finalement si mal perçu.

Autre exemple. Invité à une soirée par des étudiantes japonaises, celui-ci s’attendait naïvement à un rendez-vous galant, effectivement classique d’un point de vue occidental… et quelle ne fut pas sa déconvenue, car il n’en était rien  !

Contrairement à la musique et à la danse auxquelles il s’attendait, il découvrit une exposition faisant le tour des pays du monde, très simpliste. Son commentaire : « vraiment, j’ai trouvé que ces filles étaient très enfantines malgré leur âge, l’exposition était du niveau collège ». D’abord, c’est faire fi de la difficulté des études au Japon, où certains lycées sont du niveau de nos universités. Mais passons. La tradition dans les écoles au Japon est d’accueillir les étrangers dans ce genre de soirée, où les documents présentés n’ont aucune prétention et surtout pas celle d’être des exposés de fond, mais dont le seul but est de favoriser l’échange. Ils espèrent donc des échanges culturels, des discussions pour favoriser l’intégration des visiteurs étrangers et leur offrent par ailleurs la possibilité de rencontrer d’autres compatriotes afin qu’ils puissent s’organiser en communautés solidaires.

Bref un but qui était tout à fait louable et généreux, sans arrière pensée , et un moment simple à côté duquel mon malheureux collègue est complètement passé sans y avoir rien compris.

Comme quoi, les malentendus culturels peuvent être d’immenses barrières et même les bonnes intentions peuvent être perçues d’une façon complètement faussée .

Les religions au Japon

Au Japon, deux religions cohabitent et se mélangent dans la vie d’un japonais : le shintoïsme et le bouddhisme. Une telle mixité est difficile à comprendre pour un occidental, habitué aux grandes religions monothéistes et exclusives. Un grand nombre de sectes découlent également des ces religions, avec des pratiques différentes, compliquant encore plus le tableau. Enfin, on y trouvera aussi une petite communauté chrétienne (2% de la population), issue des comptoirs portugais que le Japon a connu de 1543 jusqu’à leur fin et l’interdiction du christianisme en 1637.

Le shinto

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Le shinto (la Voie des dieux) est la religion d’origine du Japon. Il regroupe en réalité un ensemble de croyances et de superstitions populaires liées à la nature. A chaque élément de la nature correspond une divinité, ou plutôt un esprit (kami). Il y a donc des divinités nationales pour les éléments les plus importants mais surtout une multitude de divinités locales, pour tous les lieux particuliers. On trouvera par exemples des divinités pour les animaux, les forêts, les montagnes, les rizières, les eaux, les sols, etc. Ces kami peuvent être bienveillants ou maléfiques, on cherche donc dans tous les cas à s’attirer leur bienveillance par des offrandes, des rituels et des fêtes.

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Les origines du Shinto sont très lointaines et remontent probablement à la protohistoire. Il n’a commencé à se structurer réellement qu’au XIV° siècle. Mais à la fin du XVIII° et pendant l’ère Meiji, il fut utilisé politiquement. On y trouva une légitimation divine du pouvoir impérial : d’après des mythes anciens, le premier empereur de l’histoire du Japon, Jimmu, serait le petit-fils de la déesse du Soleil Amaterasu.
Le nationalisme pendant la guerre a cherché à utiliser le shinto en le proclamant religion d’état, dans laquelle l’empereur faisait figure de dieu vivant. Le mythe de l’empereur dieu vivant n’aura donc été qu’une construction politique récente. En fait, les japonais n’y ont jamais vraiment adhérer, ce qui explique qu’ils n’aient pas été choqués, n’y qu’aucun mouvement de révolte ne se soit produit lorsque l’empereur Hirohito, après la défaite, a renoncé à ce mythe publiquement, à la demande des américains.
Le nationalisme indéniable de l’époque avait donc des racines sans lien avec la religion.

Le shinto ne s’embarrasse pas de métaphysique et reste terre à terre, quelque peu égocentrique. Les japonais y croient sans y croire et aiment à maintenir le folklore. Par superstition et sensation de bien-être, il est toujours bon de faire une offrande et un vœu pour avoir une bonne santé, de l’argent ou à la veille d’un évènement important : passage d’examen, voyage, naissance, mariage, etc. Le shinto est ainsi entouré d’une atmosphère bon enfant, festif, dénué de tout sens tragique.

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Le bouddhisme

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Le bouddhisme, originaire d’Inde, fut importé au Japon par l’intermédiaire de la Chine au VI° siècle. D’abord réservé à l’élite, il s’est lentement répandu dans la population sous la forme de deux grands courants principaux, déclinés en une multitudes d’écoles de pensées (sectes) : l’amidisme, foi dans le bouddha Amida qui apporte la sagesse et sauve les hommes, et le zen, composé de réflexion philosophique abstraite et de divers exercices méditatifs.
Dans le christianisme ou l’islam, les pratiques religieuses ne sont que la manifestation de la foi.
En revanche, les pratiques du bouddhisme s’inscrivent dans la recherche de la foi, l’approche de la sagesse absolue. L’échec apparaît donc comme acceptable dans ce cadre, ce qui fait du bouddhisme une religion non totalitaire, ni absolue ou exclusive*.

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C’est pourquoi le bouddhisme japonais a pu parfaitement s’accommoder du shinto, en considérant les kami comme des manifestations locales de bouddhas. Cette intégration est telle que parfois sanctuaire shinto et temple bouddhiste sont dans une même enceinte. Le régime Meiji s’est également heurté par le passé à la résistance de la population, en voulant séparer les deux religions pour imposer un shinto d’état purifié.
Grâce à cette tolérance, l’histoire du Japon se trouve quasiment vierge de tout conflit religieux. L’interdiction du christianisme était une volonté politique du shogun, mais n’a jamais été provoquée par les moines bouddhistes.

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Le bouddhisme conduit à un certain fatalisme : la misère, l’injustice sont certes regrettables mais sont le fruit de l’action humaine. On a donc ce que l’on mérite. Ceux qui souffrent paient leurs actes passés ou ceux d’une vie antérieure. Cela explique le grand sentiment de culpabilité de ceux qui échouent (les patrons de PME ayant fait faillite, disparaissant pour leur entourage et devenant des sans-abris en sont un exemple) et la pratique de la charité moindre.
Les âmes des défunts voyagent et reviennent sur Terre lors de la fête O-Bon à la mi-août.
S’il s’est agi d’une mort violente ou contrariée, l’âme est condamnée à errer sans fin en quête d’une solution ou d’une vengeance. D’où la croyance répandue parmi les japonais dans les fantômes. Au Japon, c’est donc le bouddhisme uniquement qui prend en charge les cérémonie funéraires et tout ce qui touche à la mort, que l’on soit croyant ou pas.

*Proverbe bouddhiste japonais : “Nombreux sont les chemins qui mènent au mont Fuji, mais certains sont moins escarpés que d’autres.”

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Le confucianisme

Le confucianisme n’est pas une religion. Mais, le shinto et le bouddhisme n’imposant pas de grandes contrainte, le Japon s’est trouvé dans le confucianisme un complément de pensée, une véritable conduite morale. Cette doctrine, morale politique et familiale, bien que n’étant plus enseignée dans l’enseignement primaire et n’étant plus structurée au Japon, est restée diffuse dans les mentalités, consciemment ou non. Elle prêche fidélité, loyauté, piété filiale, respect aux anciens et l’idée de l’amélioration permanente de soi par l’étude. D’où l’assiduité des japonais aux études mais également leur empressement à aborder des activités nouvelles qui peuvent être ludiques, dans les nombreuses écoles proposées à cet effet : cuisine française, danse, art du thé, art floral, etc.

Ainsi donc, le japonais naît, grandit et s’amuse shinto, s’éduque confucéen, se marie chrétien, vit dans l’irréligion et meurt bouddhiste ? C’est un lieu commun, mais il a bien une part de vérité. En fait, le japonais ne cherche pas dans la religion une vérité absolue, mais un apaisement. Ces faits peuvent être très déroutants voire choquants pour un occidental, mais il n’en est rien : dans son contexte, cet apparent désordre est en réalité une vraie harmonie, où tout s’agence naturellement.

La télévision japonaise

Disons-le tout de suite : les français ont généralement l’idée que la télévision japonaise est d’une débilité totale. Comble du ridicule, de la gesticulation et du mauvais goût, en fait personne n’a pu échapper aux images présentées par les chaînes françaises comme exemples à ne pas suivre. Et finalement, non sans condescendance, on se voit inculqué la fausse idée que finalement la télévision française est bien supérieure et, à la limite, que les japonais ne pas très sains d’esprit.

A tel point que, lors de son premier séjour au Japon, avant d’allumer le tube cathodique, on s’attend au pire. C’est alors que l’on peut se rendre compte de la façon dont la réalité peut être déformée. Au lieu de les railler, nos chaînes devraient même s’inspirer de temps en temps des grilles de programmation de leurs consoeurs japonaises.

Certes, aux heures creuses de la journée, quand tout le monde travaille, c’est le classique lot d’émissions ineptes : potins, jeux sans intérêt, etc. Même si en zappant, on peut tomber sur des chaînes surprenantes et intéressantes (cours d’informatique en direct, captures d’écran à l’appui !). Sachant qu’on a le même genre d’émissions dans la même plage horaire (sans parler des Derrick & cie qu’on nous diffuse depuis 30 ans), celle où en principe votre poste est éteint (je l’espère pour vous), on dira qu’il n’y a pas de grande différence quant aux programmes proposés à la ménagère française comme à la ménagère japonaise.

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C’est plutôt le soir en que les choses deviennent intéressantes, exception faite de séries communes similaires aux nôtres (Mitokomo, Good luck !, Kikujiro), avec beaucoup d’émissions ou de programmes sportifs.

Commençons par les émissions. Avec comme invités des célébrités locales ou étrangères, elles sont toujours très vivantes et sont loin de l’aspect si débile qu’on leur prête. Toujours ludiques, tout en restant dans une mesure égale à nos standards, et surtout présentent fréquemment un intérêt culturel.

Par exemple, les invités se prêtent à un jeu de quiz plus ou moins comique (Attack 25), mais toutes les questions sont intelligentes et donnent lieux à des mini-documentaires (souvent sur l’étranger) ou à des expériences. Bref, on se divertit, et on apprend. Un genre de question pour un champion mais plus simple, sans formalisme et plus vivant.

Un autre type d’émission comme exemple : il s’agit d’une sorte d’enquête policière interractive (USO), où le film et l’enquête se déroulent par épisode, donnant entre temps à chacun d’échafauder des hypothèses, des suppositions afin d’essayer de découvrir la vérité. Bon exercice de réflexion et très amusant.

Un dernier genre, avant d’en finir avec les exemples, très nombreux, d’émissions originales : le combat de chefs cuisiniers (Dochino Rioridesho). Et oui, les japonais sont de grands gastronomes. Grands chefs primés, moins connus ou cuisiniers anonymes, et même grand-mère cordon bleu s’affrontent autour d’un menu imposé. Chacun dispose d’une table de cuisine avec tout le matériel nécessaire (plaques de cuisson, évier, ustensiles) et les mêmes ingrédients. Sous la surveillance d’un jury très sérieux, ils doivent tous en même temps composer plat après plat dans un temps imparti. L’égalité des chances étant respectée, le plus talentueux cuisinier remportera la finale. Attention aux surprises (pour les grands chefs) ! La popularité de cette émission et la publicité qu’elle engrange pour le vainqueur sont un gage de sérieux de cette émission. Et comme il est étonnant de les voir travailler à toute vitesse !

Voilà, j’espère que vous me comprenez mieux maintenant, quand je parle d’émissions intéressantes.

Quant aux sport, il est omniprésent. Plus qu’en France, car au Japon la diversité des sports populaires est plus grande. Outre les deux sports les plus populaires, le football et le baseball, combats sumo, K1 (genre de boxe mélangeant toutes les disciplines de combat), marathon, athlétisme, natation, Formule 1… Bref, l’actualité sportive est très chargée et occupe une bonne partie des programmes, toute la journée.

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Il est finalement assez rare de tomber sur un film en soirée, le dimanche restant réservé au film de grand spectacle (américain), tout comme ici, en France.

Les programmes débiles à l’américaine où l’on se gave de nourriture avant de vomir, se pastiche de boue, où l’on prend des bains d’insectes ou je ne sais quoi encore ? Je n’en ai jamais vu. Si cela se produit parfois, ce n’est certainement pas populaire et sûrement à des heures décalées (contrairement à ce qu’on vous dit).

La preuve, dans les émissions genre bêtisier en France, souvent les mêmes images reviennent et lesquelles… En regardant bien, on se rend vite compte qu’elles doivent dater d’au moins 20 ans. Aussi quand le présentateur laisse croire qu’elles sont actuelles, populaires et diffusées à heure de grande audience, laissez-moi rire. C’est la preuve de la rareté de telles débilités, sinon on aurait des images plus récentes.

Imaginez que l’on prenne la pire honte de la télévision française des 20 dernières années et qu’on fasse croire qu’elle est la synthèse de ce qui est vu en France ! Ce ne serait pas mieux. Alors avant de chercher à retirer la paille dans l’oeil du voisin…

Bref, preuve est faite encore une fois qu’il faut soigner son esprit critique avant d’allumer sa télévision. La télévion japonaise, sans être parfaite, est néanmoins très intéressante. Si les chaînes japonaises possèdent apparement bien plus de moyens, nos chaînes devraient essayer de reprendre certaines idées. Car, en allumant mon poste tout à l’heure, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de trouver nos émissions plates en comparaison et de sentir l’ennui m’envahir…