Category Archives: Coutumes et Traditions

Articles présentant les coutumes et les traditions du peuple japonais

Annecdotes et incompréhensions dues aux différences culturelles

On peut voyager au Japon et passer à côté de beaucoup de choses.

Je prendrai comme exemple une conversation que j’ai pu avoir avec un collègue de travail français, qui s’était rendu un mois en stage de fin d’études au Japon.

Outre le fait qu’il ait apprécié ce pays, il demeure un grand nombre d’incompréhensions dues au fossé culturel qui nous sépare et les différentes éducations qui en découlent .

Un premier exemple : ayant demandé son chemin à un japonais, le collège me racontait qu’il fut surpris du temps que celui-ci lui consacra pour l’aider (car il est vrai que même pour un japonais il est difficile de s’y retrouver tant le système est complexe) : « il m’a accompagné partout, jusqu’au commissariat. Il ne voulait surtout pas perdre la face devant un étranger en ne sachant pas répondre à ma question ».

Ce jugement est tout à fait typique du point de vue français, où rares sont les personnes prêtes à rendre service gratuitement. L’homme aurait agi par simple fierté, selon mon collègue. Moi, je dit qu’il est bien plus probable que l’homme ait simplement fait preuve de gentillesse, dans un pays où l’on met un point d’honneur à aider, d’autant plus si la personne est étrangère. Il est ainsi donc regrettable que son geste ait été finalement si mal perçu.

Autre exemple. Invité à une soirée par des étudiantes japonaises, celui-ci s’attendait naïvement à un rendez-vous galant, effectivement classique d’un point de vue occidental… et quelle ne fut pas sa déconvenue, car il n’en était rien  !

Contrairement à la musique et à la danse auxquelles il s’attendait, il découvrit une exposition faisant le tour des pays du monde, très simpliste. Son commentaire : « vraiment, j’ai trouvé que ces filles étaient très enfantines malgré leur âge, l’exposition était du niveau collège ». D’abord, c’est faire fi de la difficulté des études au Japon, où certains lycées sont du niveau de nos universités. Mais passons. La tradition dans les écoles au Japon est d’accueillir les étrangers dans ce genre de soirée, où les documents présentés n’ont aucune prétention et surtout pas celle d’être des exposés de fond, mais dont le seul but est de favoriser l’échange. Ils espèrent donc des échanges culturels, des discussions pour favoriser l’intégration des visiteurs étrangers et leur offrent par ailleurs la possibilité de rencontrer d’autres compatriotes afin qu’ils puissent s’organiser en communautés solidaires.

Bref un but qui était tout à fait louable et généreux, sans arrière pensée , et un moment simple à côté duquel mon malheureux collègue est complètement passé sans y avoir rien compris.

Comme quoi, les malentendus culturels peuvent être d’immenses barrières et même les bonnes intentions peuvent être perçues d’une façon complètement faussée .

Les religions au Japon

Au Japon, deux religions cohabitent et se mélangent dans la vie d’un japonais : le shintoïsme et le bouddhisme. Une telle mixité est difficile à comprendre pour un occidental, habitué aux grandes religions monothéistes et exclusives. Un grand nombre de sectes découlent également des ces religions, avec des pratiques différentes, compliquant encore plus le tableau. Enfin, on y trouvera aussi une petite communauté chrétienne (2% de la population), issue des comptoirs portugais que le Japon a connu de 1543 jusqu’à leur fin et l’interdiction du christianisme en 1637.

Le shinto

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Le shinto (la Voie des dieux) est la religion d’origine du Japon. Il regroupe en réalité un ensemble de croyances et de superstitions populaires liées à la nature. A chaque élément de la nature correspond une divinité, ou plutôt un esprit (kami). Il y a donc des divinités nationales pour les éléments les plus importants mais surtout une multitude de divinités locales, pour tous les lieux particuliers. On trouvera par exemples des divinités pour les animaux, les forêts, les montagnes, les rizières, les eaux, les sols, etc. Ces kami peuvent être bienveillants ou maléfiques, on cherche donc dans tous les cas à s’attirer leur bienveillance par des offrandes, des rituels et des fêtes.

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Les origines du Shinto sont très lointaines et remontent probablement à la protohistoire. Il n’a commencé à se structurer réellement qu’au XIV° siècle. Mais à la fin du XVIII° et pendant l’ère Meiji, il fut utilisé politiquement. On y trouva une légitimation divine du pouvoir impérial : d’après des mythes anciens, le premier empereur de l’histoire du Japon, Jimmu, serait le petit-fils de la déesse du Soleil Amaterasu.
Le nationalisme pendant la guerre a cherché à utiliser le shinto en le proclamant religion d’état, dans laquelle l’empereur faisait figure de dieu vivant. Le mythe de l’empereur dieu vivant n’aura donc été qu’une construction politique récente. En fait, les japonais n’y ont jamais vraiment adhérer, ce qui explique qu’ils n’aient pas été choqués, n’y qu’aucun mouvement de révolte ne se soit produit lorsque l’empereur Hirohito, après la défaite, a renoncé à ce mythe publiquement, à la demande des américains.
Le nationalisme indéniable de l’époque avait donc des racines sans lien avec la religion.

Le shinto ne s’embarrasse pas de métaphysique et reste terre à terre, quelque peu égocentrique. Les japonais y croient sans y croire et aiment à maintenir le folklore. Par superstition et sensation de bien-être, il est toujours bon de faire une offrande et un vœu pour avoir une bonne santé, de l’argent ou à la veille d’un évènement important : passage d’examen, voyage, naissance, mariage, etc. Le shinto est ainsi entouré d’une atmosphère bon enfant, festif, dénué de tout sens tragique.

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Le bouddhisme

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Le bouddhisme, originaire d’Inde, fut importé au Japon par l’intermédiaire de la Chine au VI° siècle. D’abord réservé à l’élite, il s’est lentement répandu dans la population sous la forme de deux grands courants principaux, déclinés en une multitudes d’écoles de pensées (sectes) : l’amidisme, foi dans le bouddha Amida qui apporte la sagesse et sauve les hommes, et le zen, composé de réflexion philosophique abstraite et de divers exercices méditatifs.
Dans le christianisme ou l’islam, les pratiques religieuses ne sont que la manifestation de la foi.
En revanche, les pratiques du bouddhisme s’inscrivent dans la recherche de la foi, l’approche de la sagesse absolue. L’échec apparaît donc comme acceptable dans ce cadre, ce qui fait du bouddhisme une religion non totalitaire, ni absolue ou exclusive*.

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C’est pourquoi le bouddhisme japonais a pu parfaitement s’accommoder du shinto, en considérant les kami comme des manifestations locales de bouddhas. Cette intégration est telle que parfois sanctuaire shinto et temple bouddhiste sont dans une même enceinte. Le régime Meiji s’est également heurté par le passé à la résistance de la population, en voulant séparer les deux religions pour imposer un shinto d’état purifié.
Grâce à cette tolérance, l’histoire du Japon se trouve quasiment vierge de tout conflit religieux. L’interdiction du christianisme était une volonté politique du shogun, mais n’a jamais été provoquée par les moines bouddhistes.

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Le bouddhisme conduit à un certain fatalisme : la misère, l’injustice sont certes regrettables mais sont le fruit de l’action humaine. On a donc ce que l’on mérite. Ceux qui souffrent paient leurs actes passés ou ceux d’une vie antérieure. Cela explique le grand sentiment de culpabilité de ceux qui échouent (les patrons de PME ayant fait faillite, disparaissant pour leur entourage et devenant des sans-abris en sont un exemple) et la pratique de la charité moindre.
Les âmes des défunts voyagent et reviennent sur Terre lors de la fête O-Bon à la mi-août.
S’il s’est agi d’une mort violente ou contrariée, l’âme est condamnée à errer sans fin en quête d’une solution ou d’une vengeance. D’où la croyance répandue parmi les japonais dans les fantômes. Au Japon, c’est donc le bouddhisme uniquement qui prend en charge les cérémonie funéraires et tout ce qui touche à la mort, que l’on soit croyant ou pas.

*Proverbe bouddhiste japonais : “Nombreux sont les chemins qui mènent au mont Fuji, mais certains sont moins escarpés que d’autres.”

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Le confucianisme

Le confucianisme n’est pas une religion. Mais, le shinto et le bouddhisme n’imposant pas de grandes contrainte, le Japon s’est trouvé dans le confucianisme un complément de pensée, une véritable conduite morale. Cette doctrine, morale politique et familiale, bien que n’étant plus enseignée dans l’enseignement primaire et n’étant plus structurée au Japon, est restée diffuse dans les mentalités, consciemment ou non. Elle prêche fidélité, loyauté, piété filiale, respect aux anciens et l’idée de l’amélioration permanente de soi par l’étude. D’où l’assiduité des japonais aux études mais également leur empressement à aborder des activités nouvelles qui peuvent être ludiques, dans les nombreuses écoles proposées à cet effet : cuisine française, danse, art du thé, art floral, etc.

Ainsi donc, le japonais naît, grandit et s’amuse shinto, s’éduque confucéen, se marie chrétien, vit dans l’irréligion et meurt bouddhiste ? C’est un lieu commun, mais il a bien une part de vérité. En fait, le japonais ne cherche pas dans la religion une vérité absolue, mais un apaisement. Ces faits peuvent être très déroutants voire choquants pour un occidental, mais il n’en est rien : dans son contexte, cet apparent désordre est en réalité une vraie harmonie, où tout s’agence naturellement.

Undokai

L’Undokai est un évènement sportif, ayant lieu à travers tout le Japon pendant l’automne.

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Habituellement, les étudiants, répartis en deux équipes, concourrent dans diverses courses.
C’est l’occasion pour eux de montrer à leurs parents combien ils ont grandi et combien ils ont progressé.
Les parents préparent de grands déjeuners festifs et encouragent leurs enfants.

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A cette occasion, un jour férié national est consacré : “le jour de la santé et du sport” (taiikuno hi).
Les adultes y participent également, avec des équipes organisée par des entreprises ou autres communautés.

Il est de croyance populaire que ce jour soit un jour ensoleillé, et cela est d’ailleurs confirmé par des recherches sur les enregistrements météo passés. Ce n’est par exemple pas un hasard si, en 1964, les organisateurs des jeux olympiques de Tokyo ont décidé de placer la cérémonie d’ouverture en ce jour.

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Onsen, sources naturelles d’eau chaude

Les Onsen (sources d’eau chaude) sont une des facettes de la culture japonaise. Selon le ministère de l’environnement, il y a 3 023 établissements thermaux et 26 795 sources au Japon.
Pourquoi autant ? Vous devez connaître les particularités géographiques du Japon pour le comprendre.

Surface territoriale

Surface terrestre : 377 906,97 km2
Surface maritime : 3 091 km2

Le territoire du Japon est légèrement plus petit que l’état du Montana aux Etats-Unis. Parmi les pays européens, l’Allemagne est un peu plus petite que le Japon. En Asie, le Japon est un peu plus petit que l’Irak ou l’Uzbekistan et plus grand que la Malaisie ou le Vietnam. En Afrique, le Japon serait comparable au Zimbabwe ou au Congo.

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La topographie

Le territoire est composé à 73% de montagnes. Des basins entre les montagnes et des petites plaines longent les côtes.

Le point le plus est à une altitude de 130 m (Hachikone Mine)
Le point le plus haut est à 3 776 m d’altitude (Mont Fuji).

La rivière la plus long mesure 367 km (Shinano River)
La rivière la plus large recouvre 16 829 km2 (Tone River).
Le lac le plus vaste occupe 670,33 km2 (lac Biwa)
Le lac le plus profond l’est de 423 m (lac Tazawa).

Il y a plus de 3700 îles dans l’archipel japonais, mais parmi elles seulement 30 ont une surface relativement importante (plus de 90 km2).
Il y a 144 volcans majeurs au Japon.

Utilisation du territoire :
66,4%             bois et forêts
13,2%             agriculture
4,7%               habitations
3,3%               routes
3,5%               rivières et voies d’eau
8,9%               autres

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Les parcs naturel représentent 53 692,32 km2
998,41 km2 sont consacrés aux parcs en milieu urbain.

(bureau des statistiques, 1998)

Le climat

Le Japon a les 4 saisons très marquées, avec une saison pluvieuse entre juin et juillet. Par conséquent, l’été qui suit est très humide. L’humidité est de 70% en moyenne. Ensuite, la saison des typhons arrive. En général, il y en a 3 par année.
L’hiver, lui, apporte beaucoup de neige sur la moitié du territoire donnant sur la Mer du Japon.
Comme vous pouvez le voir, le climat du Japon est influencé à la fois par sa géographie avec les  moussons d’hiver et d’été en provenance du continent asiatique, les grands courants océaniques et la topographie accidentée.

Les origines des Onsen

Maintenant, vous avez une vision claire de la géographie du Japon.  C’est un pays montagneux avec un été humide et un hiver rigoureux. Donc, quand un onsen était découvert, il était très naturel et confortable pour les habitants de se plonger dans ces eaux chaudes. L’été, pour se laver fréquemment de la transpiration favorisée par l’humidité, l’hiver pour se réchauffer.

Les Onsen furent découverts vers l’an 200. Les gens commencèrent à utiliser l’eau chaude des sources jaillissant naturellement du sol. Puis des petites communautés se formèrent autour de celles-ci. Au début, ces gens profitaient de l’eau pour se constituer des petits basins privés, en la dérivant ou la transportant simplement avec des seaux. Plus tard, les habitants commencèrent à administrer cette ressource conjointement. Les Onsen commençaient à devenir une place centrale et important pour la communauté, où les gens se rassemblaient et communiquaient aussi bien qu’ils venaient exploiter son eau.

De nos jours, cet état d’esprit deumeure. Beaucoup d’entre nous choisissent d’aller aux onsen pour un séjour de détente, pendant les vacances. Il s’agit toujours d’une sortie populaire parmi les jeunes, y compris les collégiens, que d’aller au onsen en groupe.

On s’y baigne nu et hors de question bien sûr de s’y baigner sans être parfaitement propre au préalable : la douche est de rigueur avant de s’immerger dans ce lieu sacré. Bien sûr aussi, les onsen (du moins les vrais) ne  sont pas mixtes et séparent hommes et femmes.
Ceux qui pourraient être gênés par la nudité pourront se rassurer en sachant que les japonais y sont habitués en ces lieux et font montre comme souvent d’un grand respect. En aucun vous ne serez observé, remarqué, raillé ou quoi que ce soit dans ce genre.
Si tout le monde, étrangers comme japonais, est en général embarrassé au début, sachez que vous ne serez jamais observé et vous vous fondrez dans le décor avec l’étrange impression de n’avoir même pas été vu. Vous pourrez alors profiter d’une expérience unique, très relaxante et amusante.

Il y a beaucoup de très jolis hôtels japonais avec de très belles vues et des repas rafinés. On peut s’y détendre loin des villes bruyantes où tout le monde travaille. Nous croyons aussi que les onsen sont bénéfiques pour la santé. Personnellement, je vais aux onsen pour ma peau. Comme je vis maintenant en Europe, elle est plus sèche : l’eau des onsen hydrate la peau et empêche l’apparition des rides. Nous avons beaucoup de produits cosmétiques d’ailleurs composés de cette eau.
Bref, rien ne relaxe autant les japonais que les onsen.

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Il y a beaucoup de types de bains différents. Il est très rafraîchissant de prendre un bain en plein air. En été, il est courant de se baigner en profitant du spectacle des feux d’artifice, ou encore l’hiver de se baigner alors que les flocons de neige tombent.

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Même les singes japonais apprécient prendre un bain !!! 😀

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Il y a une grosse compétition entre les hôtels à onsen de type japonais (ryokan), ce qui signifie des services toujours meilleurs, des bains toujours différents et innovateurs, avec des vues toujours plus belles pour les clients.

Ci-dessous, je vous montre un des lieux les plus réputés du Japon pour les onsens. En fait, je suis originaire de là-bas.

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Kinosaki Onsen (à 3h de Kyoto, ligne San-in, gare de Kinosaki)

Les origines de ce village remontent au 8ème siècle. Beaucoup de romanciers et poètes japonais l’ont visité et y ont même écrit leurs chefs d’œuvre.

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Il s’agit d’une boîte à poèmes. Pourquoi n’essayez-vous pas d’écrire un poème en profitant d’un bain et du paysage ? Ils sera peut-être affiché dans l’un des ryokan du coin !

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Un hôtel de style japonais (ryokan)

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La source de Kinosaki Onsen

Vous pourrez-voir plus de photos dans notre galerie.

Pour finir, je veux vous montrer un autre lieu.

Plage San-in, parc National
Takeno Kaigan (plage Takeno)

Un trajet de quelques minutes vous amènera de Kinosaki à la Mer du Japon dans un endroit appelé Takeno. Takeno est en pleine nature et est une destinations préférées des vacanciers japonais. Il y a de belles plages, des produits de la mer délicieux, un site de camping et autres divertissements. Je recommande de séjourner à l’hôtel Takeno-Kaigan National Park Resort Inn.

National Park Resort Villages (NPRV) est une autre chaîne de grands hôtels. Premièrement, en faisant abstraction du lieu, tous leurs 36 « villages » sont situés au milieu des parcs nationaux. En d’autres termes, ils sont entourés par la mère nature. Ils offrent toutes sortes d’activités au contact de la nature et de la vie sauvage. Cela peut être une destination intéressante pour des vacances. La fondation qui gère ces hôtels est soutenue par le MOE (Misnistry of Environment). Leur site pour plus d’informations.

Les tarifs sont raisonnables et ils offrent de belles vues. Ci-dessous quelques photos :

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L’hôtel situé sur la colline est le Takeno-Kaigan National Park Resort Inn. Des escaliers emmènent jusqu’au bord de la plage.

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De celui-ci, le panorama sur la Mer du Japon. Il y a une grande terrasse pour se détendre. La photo a été prise en hiver.

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L’intérieur est très moderne et très propre. Vous pouvez choisir une chambre de type japonais ou de type occidental.

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Bien sûr, vous pouvez voir le panorama du bain !

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En été, beaucoup de gens vont sur la plage.

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En hiver, les gens viennent profiter des onsen et des produits de la mer. Les crabes sont la spécialité de la région.

Venez découvrir la « culture onsen » et comment les japonais se détendent ! Nous sommes vraiment favorisés par la nature.

La pensée japonaise et la religion

Introduction

Japonaise vivant dans un pays étranger, je me suis aperçue que les gens avaient de fausses informations sur mon pays. Quelquefois cela me fait rire, mais d’autre fois c’est vraiment offensant. Je comprends ces malentendus. Il n’est pas étonnant que les occidentaux ont tendance à considérer les pays asiatiques comme une seule grande Asie aux mêmes racines, parce que nous, les asiatiques, avons plus de choses en commun, non seulement dans notre apparence mais aussi dans nos coutumes et nos cultures. Le Japon est à l’Asie ce que la France est à l’Europe. Ce que je veux vous montrer ici, cependant, ce sont les grandes différences entre le Japon et le reste de l’Asie. J’espère que les gens ayant l’occasion d’ouvrir cette page et de la lire, auront ainsi une vision plus juste du Japon.

L’histoire du Japon à ses débuts reste très obscure, pleine de légendes et sous l’influence du continent. Il est donc difficile de dire clairement comment le Japon s’est construit en tant que nation. Cependant, il est une chose que l’on peut affirmer concernant la religion : nos ancêtres croyaient en l’animisme, et cette croyance basée sur la nature a contribué à forger nos caractères. Ainsi, comprendre notre religion, c’est aussi comprendre ce qu’est la culture japonaise.

Quand on vous demande quelle est la religion du Japon, pouvez-vous répondre ? La réponse pourrait être aussi bien le shintoïsme que le bouddhisme. Le shintoïsme est notre religion originelle. Celle-ci façonne profondément notre façon de penser. Quant au bouddhisme, c’est une religion étrangère, arrivée du continent vers le Japon au début du 5ème siècle. Dans cet article, je vais vous donner plus de détails sur chaque religion et vous expliquer comment elles coexistent à présent. J’ai appuyé mes informations sur le livre « Nihon-Tashinkyo-no-Fudo » (la pensée autour du polythéisme japonais), écrit par Nobuhiro Kubota (éditions PHP Shinsho).

Les dieux au Japon

Quand nous sommes demandés comment sont nos dieux, nous montrons simplement un sanctuaire tranquillement construit au milieu de la forêt ou une statue bouddha dans un temple. Cependant, ce ne sont pas les dieux eux-mêmes. Ainsi, nous ne pouvons pas les décrire exactement. En fait, nous ne les avons jamais vu sous une forme bien définie.

Selon le Kojiki, le plus vieil ouvrage d’histoire au Japon, achevé en 712, contenant légendes et vielles histoires, le paradis et la Terre furent créés à partir du chaos de l’univers et en même temps trois dieux furent nés. Amenominakanushi-no-kami dirigeait alors le paradis et la Terre, Takamimusuhi-no-kami avait le pouvoir de créer toutes choses, et enfin Kamumusuhin-okami avait ce même pouvoir. Ensuite, leurs descendants, Izanagi-no-kami et Izanami-no-kami apparurent sous formes humaines, et après leur mariage, l’île du Japon fut créée. Non seulement les îles mais aussi un certain nombre de dieux furent créés par eux. Un dieu dirigeait les roches et le sol, un dieu était en charge de la mer, un dieu supervisait les directions de vents, un dieu administrait la quantité de pluie à pleuvoir, et bien d’autres étaient affectés aux montagnes, aux champs, à la nourriture, au feu, et ainsi de suite. Tous ces dieux étaient la nature elle-même. En d’autres mots, la mer, les montagnes, les rivières, les rochers, le vent, le feu, la nourriture et toutes les éléments de ce monde étaient considérés comme les autres apparences des dieux.

En particulier les bois et forêts, qui couvrent 60% de notre territoire, ont une signification importante pour les japonais, car les montagnes qu’elles recouvrent produisent de nouvelles vies et nous fournissaient – et fournissent encore – beaucoup de richesses naturelles. En plus de cela, grâce aux saisons fortement marquées du climat, nos montagnes changent d’apparences et nous laissent de fortes impressions à chaque saison. Ainsi, nos montagnes sont vivantes. Pour cette raison, nous croyons fortement que des dieux les habitent. Nous ne voyons pas les dieux avec nos yeux, mais nous pouvons les sentir dans les arbres. La sensibilité japonaise de sentir quelque chose d’invisible fait que notre perception de la nature est identique à notre perception de la religion.

Un autre point remarquable à mentionner est que certains dieux nous apportent mauvaises fortunes. Par exemple, une légende nous raconte qu’un dieu possédant une armée de serpent harcelait les voyageurs, les empêchant d’emprunter certains chemins. D’autres dieux étaient assimilés à des typhons, des tremblements de terre ou des éruption volcaniques. Bon ou mauvais, tous sont des symboles de la nature.

En outre, se présentait le cas où un dieu possédait différents caractères. Considérez l’histoire suivante : un dieu vivait dans une montagne et les habitants des alentours essayaient de développer la région. Mais le dieu n’aimait pas que les gens viennent le déranger et se mit en colère. Aussi, les habitants construisirent un temple au pied de la montagne pour l’honorer et le satisfaire. Par la suite, ils purent vivre paisiblement, le dieu se chargeant de leur protection.

L’exemple ci-dessus montre qu’un dieu menaçant peut devenir protecteur si seulement il est traité avec respect. Ainsi, encore de nos jours, quand nous construisons une nouvelle maison ou une nouvelle usine, nous avons une cérémonie particulière appelée « Chishin-sai » pour saluer le dieu de la région. Si vous avez la chance de visiter le Japon et de voir un bâtiment comme un hypermarché, montez sur le toit. Vous trouverez probablement un sactuaire miniature là-haut. Même dans un coin d’un site industriel, un petit sanctuaire se tient discrètement. Au Japon, les dieux sont partout.

autel de  prière

Une usine et son sanctuaire shinto

Un autre aspect spécifique aux dieux japonais est qu’ils peuvent se déplacer, se transférer vers un endroit. N’ayant pas de forme réelle, aucune distance ne leur est un obstacle. Rien n’empêche donc les gens, dans leurs prières, de faire appel à plusieurs dieux pour résoudre un problème particulièrement grave.

Quand nous visitons un sanctuaire, nous achetons aussi une amulette. Un morceau de bois ou de papier se trouve à l’intérieur. Ce n’est pas un simple morceau de bois. Le dieu du sanctuaire demeure dans ce morceau, sous une de ces multiples et omniprésentes apparences. Garder ceci sur nous signifie rester en permanence en contact avec le dieu.

Taoisme et le Yin Yang

Ces légendes dans le Kojiki font penser à la théorie du Yin Yang, qui était le principal point de vue sur le monde et la vie dans l’ancienne Chine. Dans cette théorie, il est cru que les forces positives et négatives s’imbriquent parfaitement et donnent naissance à toutes choses. Les esprits ne s’affrontent pas, mais s’additionnent tous, créant un grand pouvoir capable de produire les choses et les vies pour le bien.

A cette idée dans l’ère du temps, les japonais qui considéraient déjà leurs dieux comme invisibles ont pu lui trouver une signification concrète.

Le taoïsme a eu aussi beaucoup d’influence sur notre religion. Shindo, qui est traduit en shintoïsme, notre religion, était l’un des termes religieux dans le taoïsme. Shindo était destiné à devenir religion au 2ème siècle en Chine et devint plus tard remarquable avec sa doctrine qui révélait « la vérité du monde des dieux ». Autre exemple, le dieu de l’univers est appelé « Tenko » en taoïsme, d’où l’origine de « Ten-no », utilisé pour désigner l’empereur en japonais.

Kagami, un miroir, est aussi un exemple intéressant. Objet sacré, il fut porté par Tenko. Il y a longtemps, les gens qui pénétraient dans une montagne se devaient de garder un miroir sur eux pour se protéger. Ils croyaient que Kagami avait un pouvoir spécial pour réfléchir le mal invisible. Ce qui signifie que Kagami peut montrer la vérité. Dans les sanctuaires japonais, Kagami est d’ailleurs souvent présent, et comme vous pouvez le deviner maintenant, nous, les japonais, croyons que nous pourrions y apercevoir un dieu invisible.

Polythéisme et monothéisme

Le Japon possède beaucoup de montagnes et est entouré par la mer et l’océan. Nous dépendons de cette nature et en tirons profit. Nous avons ainsi l’opportunité de pouvoir sentir la force de la vie et il est naturel pour nous de croire que différents dieux existent parce que nous savons que cette nature vit. Dans des pays où les gens ont une vie dure, où le climat est ingrat, il est plus difficile de voir la vie dans la nature. Leurs habitants peuvent difficilement voir la force de la vie, et, dans un tel endroit, ils ont besoin d’un unique et tout puissant dieu qui gouverne toutes choses, y compris la nature. Le dieu et la nature ne sont pas dans ce cas de forces égales. Les gens croient que le dieu a créé la Terre elle-même. En ceci, nos points de vue sont très différents.

Je pense que pour la plupart de japonais il est difficile de comprendre pourquoi des gens sont en train de se battre à cause de leurs religions. Nous pouvons accepter les dieux des autres religions, puisqu’il ne nous est pas étonnant que d’autres dieux existent en dehors du Japon. Mais le contraire semble impossible. Non seulement s’entretuer mais détruire la nature signifie pour nous tuer des dieux. Voir des bombes lancées sur des êtres humains me dégoûte et me rend vraiment désolée pour le ou les dieux qui se trouvent en ces lieux, et il en est ainsi du point de vue japonais.

Une dernière chose. Dans le passé, un prêtre japonais ne tuait même pas un moustique, parce qu’il ressentait de la pitié pour cette vie en transition. Nous avons un proverbe, « issun no mushi nimo gohu no tamashii » : même un petit insecte a une vie, donc vous ne devriez pas le considérer comme petit. Tous les animaux, insectes, arbres, fleurs, pierres, vent, eau, feu, l’air que vous êtes en train de respirer à l’instant et toutes les choses autour de vous ont une raison d’être et sont gouvernées par un dieu. Il va sans dire que, nous, les hommes, sommes une de ces choses. Si nous savons accepter et respecter chaque chose et chaque personne, nous serons alors en parfaite harmonie avec la nature.